La lutte d’un notable contre l’ivrognerie sous la Monarchie de Juillet
La lutte d’un notable contre l’ivrognerie sous la Monarchie de Juillet. Henry Philippe Auguste Dutrône et la genèse de la Société de sobriété d’Amiens – Nicolas Sueur
L’article porte sur la création de la Société de sobriété d’Amiens en 1835 par Henry Philippe Auguste Dutrône (1796-1866), notable philanthrope, par ailleurs conseiller royal auprès de la Cour d’Amiens. La naissance de cette société s’inscrit dans le mouvement des sociétés de tempérance venu des États-Unis, qui gagne progressivement l’Europe dans les années 1830. Si les historiens et historiennes ont beaucoup insisté sur les politiques de lutte antialcoolique menées en France après la Commune, ils ont parfois négligé la première moitié du xix e siècle. Cet exemple permet de montrer que les élites des monarchies postrévolutionnaires ne restent pas inactives face à la problématique de l’ivrognerie, perçue comme un fléau qui touche principalement la classe ouvrière. L’investissement de ce champ par Dutrône n’est pas entièrement désintéressé, étant en quête de reconnaissance tout à la fois sociale et politique, à l’image d’une bourgeoisie capacitaire en voie d’ascension. Cet article cherche à montrer que les réseaux philanthropiques ont joué un rôle majeur dans la construction de l’hygiène publique en France, au même titre que les professions de santé, les hommes politiques et autres experts.