Quand l’oral éclaire l’écrit : enquêter sur l’écriture ouvrière

Par Éliane Le Port
Français

À partir d’une quinzaine d’entretiens, l’article revient sur l’expérience d’écriture d’auteurs ouvriers et ouvrières dont les témoignages ont été publiés entre 1945 et 2016, et examine en quoi cette expérience compose une identité d’écrivain. Plusieurs éléments illustrent l’importance de l’écriture dans les trajectoires des auteurs, indépendamment de la publication d’un ou de plusieurs récits. Au cours de l’enquête, la plupart signalent un goût précoce pour l’expression écrite, ancré dans l’adolescence. Avant la publication de leur(s) témoignage(s), certains se sont par ailleurs adonnés à des formes et à des actions variées d’écriture, en particulier la prise de notes sur le travail. La mise en récit des expériences ouvrières (sociales, professionnelles, militantes), à travers les moments et les lieux de l’écriture, renvoie quant à elle aux pratiques et aux représentations de l’écrivain. Pourtant, lorsque les auteurs commentent et qualifient leur geste d’écriture, la plupart euphémisent leur position d’écrivain.