Race et citoyenneté

Une perspective américaine (fin XVIIIe-XIXe siècles)
Race et citoyenneté
n° 252, 2015/3 - 228 pages

Ce numéro spécial propose une réflexion originale sur les relations entre « race » et « citoyenneté » aux Amériques. Comment l’espace sociopolitique américain s’organise-t-il ? Construit, du Sud au Nord, sur la base de principes constitutionnels libéraux ou républicains d’un ordre social où les hiérarchies de race et de couleur perdurent, il est aussi ébranlé par l’action des groupes de couleur en faveur de l’égalité. Comment la question de la citoyenneté et de l’égalité civile se pose-t-elle à partir de la « race », c’est-à-dire en relation avec le principe de transmission généalogique de la dignité et de l’indignité à travers les corps ?

L’espace considéré englobe aussi bien les États-Unis et les Antilles françaises que l’Amérique hispanique et le Brésil, au cours d’une période qui couvre le moment révolutionnaire et les décennies post-révolutionnaires. Ce choix permet d’envisager la mise en application, ou non, des changements constitutionnels. Le moment post-révolutionnaire s’offre comme un laboratoire où s’élabore l’identité des nouveaux citoyens, émancipés par la Révolution : esclaves libérés par le service des armes ou les abolitions, immédiates ou graduelles ; libres de couleur devenus citoyens ; Indiens d’Amérique latine obtenant, dans l’ordre constitutionnel, l’égalité civile et politique.

La question de la race et de la couleur est posée dans l’horizon d’une égalité en construction sur le plan juridique et politique, et non en rapport avec la condition servile ou les hiérarchies qu’elle porte. Il s’agit d’éprouver l’hypothèse que la race et la couleur ont été des tests fondamentaux des révolutions républicaines et libérales. Il s’agit aussi de voir comment les minorités ont utilisé la constitution et la loi nouvelle comme autant de ressources pour revendiquer leur intégration politique et sociale.

L’ambition du dossier consiste à rapprocher les expériences historiques des différentes « aires culturelles », à pluraliser la notion de révolution et à réintégrer certains espaces, acteurs et expériences oubliés au cœur de l’histoire de la construction des systèmes démocratiques modernes.

Pages 177 à 211