Liberté et dépendance pendant la révolution du Rio de la Plata. Esclaves et affranchis dans la construction d’une citoyenneté politique (1810-1820)

Par Gabriel Entin, Magdalena Candioti
Français

Dans cet article, nous analysons les rapports entre l’esclavage et la construction de la citoyenneté politique lors de la révolution du Rio de la Plata (1810-1820), à partir de la figure de l’affranchi (liberto). À cette fin, nous mettons à l’épreuve l’hypothèse suivante : la citoyenneté révolutionnaire a créé une liberté comme dépendance. Cet oxymore force à pluraliser la compréhension de la liberté républicaine dans les révolutions du monde atlantique. Loin du binôme homme libre/esclave, nous explorons plusieurs formes de liberté et d’esclavage pendant la première décennie révolutionnaire. L’affranchi (un ancien esclave libéré ou le fils libre d’une esclave) acquiert alors une liberté spécifique qui se traduit par son incapacité à exercer la liberté commune du fait de sa dépendance vis-à-vis d’un patron (soit un individu, soit l’État). Nous combinons une approche diachronique de l’affranchi dans la Rome antique et dans la monarchie hispanique avec une étude synchronique de cette figure dans le cadre de la révolution du Rio de la Plata, à travers l’analyse des mesures de libération contrôlée des esclaves ; des politiques de limitation de la citoyenneté des descendants d’Africains ; de la participation des affranchis à l’armée ; et des recours en justice des esclaves afin d’obtenir leur liberté. Notre objectif consiste à expliquer l’apparente contradiction entre l’omniprésence du discours sur la liberté comme non-domination et le maintien de l’esclavage au Rio de la Plata jusqu’en 1860.

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