Sur les origines historiques et théoriques de la codétermination dans les entreprises allemandes

Théories de la participation ouvrière en Allemagne
Par Bernd Zielinski
Français

L’article retrace les débats théoriques qui ont marqué la genèse historique du principe de cogestion dans les entreprises allemandes. À travers les approches de quatre auteurs importants couvrant la première moitié du XIXe et les premières décennies du XXe siècle, il analyse les tentatives de justification de la mise en place de comités d’ouvriers dans les entreprises. L’examen des approches des théoriciens Robert von Mohl (1799-1875), Gustav Schmoller (1838-1917), Friedrich Naumann (1860-1919) et Fritz Naphtali (1888-1961) révèle qu’à chaque époque, les discussions et réflexions sur la participation ouvrière ont été marquées par un certain niveau de développement institutionnel et technologique du capitalisme, ainsi que par des contextes politiques spécifiques. Parallèlement, le traitement par chaque auteur de la question des comités ouvriers renvoie à des courants différents de la pensée économique et sociale allemande, de l’« École historique » à l’approche de la « démocratie économique ». Au XIXe siècle, les théories sur la participation des salariés étaient surtout conçues par des intellectuels qui y voyaient un moyen de pacification sociale tandis que le mouvement ouvrier se montrait majoritairement hostile à ce principe, le considérant comme un moyen idéologique pour masquer le vrai rapport de force dans les entreprises. Ce n’est qu’à partir du début du XXe siècle que syndicats et social-démocratie ont commencé à voir dans les comités un instrument de la démocratisation de l’économie, dans le cadre d’une stratégie réformiste.

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