Du BIT à la politique sociale européenne : les origines d'un modèle

Par Lorenzo Mechi
Français

Entre les deux guerres, le BIT poursuivit l’objectif d’intégration économique du Vieux Continent, dans le but de favoriser la croissance, grâce à un processus de rationalisation, et ainsi de produire les ressources nécessaires pour la diffusion de réformes sociales. Quand, après la Seconde Guerre mondiale, l’intégration économique fut effectivement amorcée, le BIT contribua à faire prévaloir cette conception, qui imprégna fortement les traités des communautés européennes. Ces derniers reflètent donc une forte confiance dans l’effet positif des dynamiques du marché et comportent une dimension sociale très réduite, limitée à des mesures visant à stimuler la mobilité de la main-d’œuvre et à rendre plus performant le marché du travail européen. En synergie avec les politiques interventionnistes nationales, cette approche joua effectivement le rôle envisagé dans l’entre-deux-guerres : elle contribua à alimenter la croissance des Trente Glorieuses et à permettre la construction des États-providence européens. À partir des années 1980, dans un contexte caractérisé par des politiques macroéconomiques de plus en plus centrées sur la rigueur financière et la discipline budgétaire, elle a commencé pourtant à montrer toutes ses limites et son incapacité à garantir des niveaux satisfaisants d’emploi.

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