La construction sociale d'un territoire professionnel : les agents artistiques

Par Delphine Naudier
Français

Qu’ils soient qualifiés d’impresarios ou d’agents artistiques, ces acteurs des mondes de l’art occupent depuis la fin du XIXe siècle une fonction d’intermédiaires sur le marché du travail artistique. Il s’agit de montrer comment les agents artistiques ont progressivement construit leur territoire professionnel, oscillant entre absence de règlementation, encadrement et libéralisation de l’activité. D’abord peu encadrée, discréditée en raison de la présomption d’escroquerie qui pèse sur elle, la profession est progressivement contrôlée par les autorités préfectorales et municipales. La construction sociale de la profession s’appuie sur un travail de moralisation et d’encadrement de l’activité qui, après avoir obtenu une dérogation d’exercice alors que les bureaux de placement payants étaient supprimés, aboutit ensuite à sa légalisation par la loi de décembre 1969. Enfin, à partir de 2004, une autre phase est amorcée qui aboutit en 2010, avec l’application de la directive Bolkenstein, à la libéralisation de la profession. De l’activité de placement à celle de la représentation des intérêts professionnels qui élargit la palette de leurs prérogatives, la légalisation de l’activité s’est construite à la croisée des luttes syndicales des artistes et de la structuration interne de ce territoire professionnel très hétérogène et hiérarchisé.

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