Peut-on dévoiler les imaginaires ? Questions sur l'interprétation d'un massacre

Controverse
Par François Buton
Français

Résumé

Le livre de Raphaëlle Branche, L’embuscade de Palestro, Algérie 1956, a le mérite de proposer une définition plus exacte des faits qui se sont produits le 18 mai 1956 dans la vallée de l’Isser, d’interroger la transformation de l’embuscade en massacre et d’éclairer l’événement à partir de l’étude du passé colonial de la région depuis la fin des années 1860. Palestro est traité comme un fait anthropologique dont la compréhension exige de prendre en compte la participation de la population locale, elle-même enjeu du conflit entre l’armée française et l’ALN. Mise en relation avec la mémoire de l’insurrection de la Kabylie en 1871, qui avait provoqué un premier cycle de résistance et de répression, cette violence est abordée à partir de sa réception du côté français, où l’auteur s’efforce de faire la part des représentations coloniales. Mais l’importance même de Palestro aurait mérité un traitement plus approfondi. L’hypothèse selon laquelle ce nom fait écho dans l’imaginaire collectif au massacre des premiers colons en 1871 est insuffisamment étayée. La démarche historienne demeure incomplète et se heurte au problème logique et méthodologique de l’inférence causale dès lors qu’il s’agit de rendre compte des intentions d’agir des individus à partir de données d’observation de leurs comportements.

Voir l'article sur Cairn.info