Réflexions sur le congrès de Milan et ses conséquences sur la langue des signes française à la fin du xixe siècle

La surdité au XIXe siècle
Par Florence Encrevé
Français

Résumé

En 1880 se tient à Milan un congrès international sur l’éducation des sourds qui conclut à des résolutions affirmant que la « méthode orale » doit être préférée à la « méthode gestuelle ». Ce congrès est l’aboutissement logique du conflit qui oppose ces deux méthodes tout au long du xixe siècle. Deux délégations officielles françaises représentant les ministères de l’Intérieur et de l’Instruction publique y sont présentes. Bien que tous partisans de la méthode orale, les membres de ces délégations sont en opposition et les résolutions finalement votées ne conviennent qu’aux représentants du ministère de l’Intérieur. À la suite de ce congrès, le gouvernement français est décidé à faire appliquer ces résolutions sur tout le territoire : désormais la langue des signes n’est plus utilisée dans les écoles pour sourds, ce sont la parole et la lecture sur les lèvres qui sont principalement enseignées. Les conséquences de cette décision se retrouvent encore aujourd’hui : comme la langue des signes n’est plus employée dans les établissements scolaires, les sourds qui naissent dans des familles entendantes ne la pratiquant pas n’ont aucune possibilité de l’apprendre. Ainsi, le nombre de ses locuteurs stagne et son usage est réservé à la sphère familiale ou associative jusque dans les années 1970, moment où la langue des signes commence à se développer à nouveau en France.

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