Féminismes américains et reproductive rights/ droits de la procréation

Par Jennifer Merchant
Français

Après un bref panorama historique du rôle de l’État et de certains groupes d’intérêt dans la réglementation de la procréation, cet article présente le concept des droits de la procréation dont la définition contemporaine remonte aux années 1970. A cette époque, il s’agit d’une contre-offensive de la part de féministes de la deuxième vague (courants radicaux ou socialistes) qui, sans être opposées à l’interventionnisme de l’État, vont dénoncer la forme qu’il prend, et surtout vont souligner les limites du droit à l’intimité institutionnalisée (Roe v. Wade) en formulant une définition plus élargie des droits de la procréation. Nous verrons ensuite que cette nouvelle définition ne réussit cependant pas à réunir l’ensemble des groupes féministes aux États-Unis, ni à contrer l’instrumentalisation du discours des « droits » par les groupes antiavortement qui sont parvenus à voir attribuer aux fœtus un cadre juridique tendant à les définir comme des personnes. Nous verrons, enfin, qu’au-delà même de l’opposition à l’avortement (encore aujourd’hui sujet politique brûlant aux États-Unis), l’avènement de l’assistance médicale à la procréation (A.M.P.), la biogénétique appliquée, et les interrogations éthiques qui s’ensuivent, remettent profondément en cause le cadre conceptuel contemporain des droits de la procréation, et accentuent les divisions entre les groupes féministes.

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