La légende noire du Service d'Information Militaire de la République dans la guerre civile espagnole, et l'idée de contrôle politique

Par François Godicheau
Français

Le Servicio de Información Militar (S.I.M.) fut créé pendant l’été 1937 par l’État républicain en guerre contre les armées de Franco. De sa naissance jusqu’à nos jours, une légende noire l’a accompagné et l’assimile de façon abusive à un appendice des services secrets soviétiques en Espagne républicaine. Or il est avant tout un service de police militaire et de contre-espionnage, instrument et témoin de la réorganisation de l’Armée populaire à partir de 1937. Ce n’est qu’un an avant la fin du conflit qu’il absorbe les services de police qui intervenaient sur le terrain civil. Sa réputation de brutalité et d’arbitraire vient de son rôle important dans le contrôle de l’arrière, dans un camp républicain de plus en plus militarisé. Ses faiblesses (et ses abus) ressortent plus de celles, générales, de l’État républicain en guerre que d’un contrôle politique exercé par le Parti communiste d’Espagne. Les cas de torture et de répression systématique des opposants anarchistes et poumistes qui lui sont attribués relèvent de l’amalgame et de l’anachronisme. La légende noire du S.I.M., créée sur l’idée d’un contrôle politique exercé par le Parti communiste, est un exemple de la difficulté qu’il y a à saisir la complexité des rapports entre individus et organisations d’abord, et entre partis et appareil étatique ensuite.

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