Des coulisses à la scène : la féminisation des brass bands dans les bassins miniers britanniques (1947-1984)

Par Marion Henry
Français

Les brass bands, ensembles musicaux amateurs composés essentiellement de cuivres, constituent un symbole des cultures ouvrières britanniques. Toujours fortement ancrés dans les bassins miniers au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ils incarnent la puissance physique de la figure du mineur de charbon et constituent des espaces privilégiés de la consolidation d’un entre-soi masculin en dehors de la sphère du travail. Pourtant, entre 1947, date de la nationalisation de l’industrie, et le début des années 1980, ces formations musicales s’ouvrent progressivement aux femmes, qui étaient jusque-là cantonnées à un rôle de supportrice. Cet article, qui repose sur une enquête orale menée auprès d’une dizaine de musiciens et de musiciennes de brass bands liés à l’industrie minière, utilise l’apport des sources orales pour nuancer ce processus et mettre en lumière la persistance de la ségrégation des espaces et des rôles dans les bassins miniers britanniques au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Cette féminisation est d’abord celle d’une intégration par défaut, alors que celle-ci s’accélère à partir de la fin des années 1960 dans un contexte de désindustrialisation. La place des femmes dans ces formations musicales reste limitée et contrainte par la nécessité de s’adapter aux normes d’un univers masculin.

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