Les trois âges du paternalisme. Cantines et alimentation ouvrière au Creusot (1860-1960)

Par Stéphane Gacon, François Jarrige
Français

L’évolution des formes prises par l’organisation de l’alimentation constitue un observatoire privilégié pour penser le paternalisme et ses reconfigurations entre le milieu du XIXe siècle et la période dite des « Trente Glorieuses ». Au Creusot, le paternalisme des Schneider s’est globalement montré hostile au dispositif de la cantine qu’il n’a adopté que de mauvaise grâce pendant les périodes de crises exceptionnelles, notamment les deux guerres mondiales. Durant les périodes de paix sociale, l’entreprise privilégie le repas à domicile et un modèle familial fondé sur le rôle nourricier des ménagères. La cantine est surtout destinée aux travailleurs étrangers, aux jeunes célibataires et aux travailleurs situés à la marge. C’est donc au moment même où la restauration collective dans les entreprises tend à se normaliser sous l’égide de l’État dans le cadre d’une économie contractuelle que l’ancien paternalisme commence à disparaître. En France, le décret du 5 octobre 1960 impose en effet aux entreprises de plus de 25 salariés de mettre à leur disposition un local de restauration, ce qui favorise la multiplication des restaurants d’entreprise.

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