Prédicatrices de salon à Héliopolis : vers la salafisation de la bourgeoisie du Caire ?

Par Sofia Nehaoua
Français

Résumé

Lancés au début des années 1990, les « cercles » ou halaqât ont de plus en plus de succès dans les environs bourgeois du Caire. Loin de produire un discours nouveau et progressiste, comme on l’attendrait de femmes actives, lettrées et pionnières dans la prise de responsabilités dans le domaine religieux, les prêcheures égyptiennes diffusent plutôt un message de rigueur morale, et de patience dans l’épreuve. Elles refusent catégoriquement d’investir l’espace public, qu’elles délèguent définitivement aux hommes, conformément à leur représentation segmentaire et sexuée de l’espace. Pour autant, ces femmes ne correspondent pas tout à fait au stéréotype de l’épouse soumise à la tutelle masculine, et argumentent et réfutent, versets et hadîth à l’appui, sur les sujets de société les plus divers. Par ailleurs, leur dynamisme et leur place désormais centrale dans le champ religieux, ainsi que leur conscience politique déployée, nous amènent à redéfinir leur rôle effectif dans l’espace public, et leur fonction dans le processus de réislamisation par le bas impulsé dans la société égyptienne à partir des années 1980 par les mouvements islamistes. L’analyse des discours et des pratiques de ces femmes permettra peut-être de soulever l’hypothèse finale d’un féminisme « informel » dans ces espaces féminins.

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