Les restructurations à l'usine Perrier, ou quand deux « cultures d'entreprise » s'affrontent sur le lieu de travail (1990-2000)

Les contestations
Par Irène Favier
Français

Résumé

Une série de restructurations fut opérée à la Source Perrier à Vergèze (Gard) au cours de la décennie 1990, suite au rachat de l’entreprise par le groupe Nestlé. Les conséquences sociales et culturelles en furent importantes : le réaménagement de l’unité de production, la suppression d’un millier d’emplois, la révision des principes de gestion eurent pour effet de remettre en question les relations professionnelles sur le lieu de travail, ainsi que la répartition tacite des pouvoirs qui s’était imposée depuis l’après-guerre entre la direction et le principal syndicat local, la CGT-Perrier. Insistant sur la dimension sociale et culturelle des changements survenus sur ce site de production, l’article entend adopter une perspective distincte de celle de la traditionnelle business history. Il s’agit notamment de mettre en lumière les enjeux de pouvoir, au sens foucaldien du terme, qui ont sous-tendu la gestion des restructurations. Il se propose à cette fin de souligner trois phénomènes majeurs survenus au cours de la décennie, et qui apparaissent comme autant de piliers de l’ordre nouveau imposé à l’usine : les modalités des restructurations proprement dites, la judiciarisation des relations entre acteurs sociaux, la mobilisation des questions de mémoire à des fins de lutte sociale.

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