Un magistère social : Eugène Sue et le pouvoir de représenter

Par Judith Lyon-Caen
Français

Résumé

Le xixe siècle a consacré le mythe de l’écrivain engagé, appuyant sa puissance politique sur son autorité littéraire. Le cas d’Eugène Sue permet de revenir sur la figure de l’écrivain engagé : car si l’auteur des Mystères de Paris voyait bien dans la littérature une « représentation poétique » du peuple capable de pallier l’absence de représentation politique, il fut, après son élection à l’Assemblée en 1850, un représentant du peuple muet, incapable de prendre la parole en public. Les socialistes qui avaient porté sa candidature hésitaient aussi sur la pertinence de ce qui pouvait apparaître comme une « élection romantique », sans portée politique réelle. La décevante carrière politique de Sue permet ainsi de revenir sur les formes et les fondements de l’intervention des écrivains dans le débat public autour de 1848, loin des images glorieuses des « mages romantiques ». Elle fait également apparaître combien, dès le milieu des années 1840, le sens et les formes de l’engagement politique des écrivains pouvaient être âprement discutés chez les socialistes.

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