L'impossible professionnalisation du métier d'ingénieur-conseil (1880-1954)

Par Odile Henry
Français

Parce qu’ils prétendent à l’exercice d’un pouvoir symbolique d’expertise, les consultants auraient eu tout intérêt à s’organiser, comme l’ont fait les membres des professions voisines (architectes, experts-comptables, conseillers d’orientation), sur le modèle des professions libérales, dotées d’une instance centrale de réglementation et de contrôle. Or les nombreuses tentatives d’organisation qui ont ponctué l’histoire de la profession entre 1938 et 1954 sont restées inabouties. Hérités des luttes de concurrence au cours desquelles se construit, au XIXe siècle, la profession d’ingénieur-conseil, les principes de clivage qui structurent le groupe des organisateurs-conseils pendant l’entre-deux-guerres expliquent en partie les résistances à la création d’un Ordre des Conseils en Organisation (OCOS). D’une part, l’intériorisation profonde de l’interdit, hérité de la construction de grands corps de l’État au XIXe siècle, de « faire commerce de la science » constitue un obstacle à la définition professionnelle du métier, fondée sur les revenus. De l’autre, avec l’augmentation numérique des organisateurs-conseils, à partir de la fin des années 1930, l’identité professionnelle du groupe se construit par analogie avec la médecine et accorde alors une place prépondérante aux qualités personnelles (l’intuition, la psychologie, le charisme) les plus rebelles à toute forme de codification.

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