La « vie de famille » à Ainay-le-Château et Dun-sur-Auron : une parenté quotidienne inventée par l’institution psychiatrique au xxe siècle

Parentés alternatives
Par Marie Derrien, Mathilde Rossigneux-Méheust
Français

À l’initiative de la préfecture de la Seine et dans le cadre d’une réflexion plus large sur l’encombrement asilaire et les alternatives thérapeutiques à l’asile, des hommes et des femmes atteints de troubles mentaux sont placés depuis la fin du xixe siècle en famille d’accueil dans deux villages du Cher et de l’Allier. Notre article cherche à comprendre comment cette proposition hospitalière hors norme est à l’origine d’un cadre familial profondément original, construisant des liens très spécifiques entre ses membres. Les écrits de médecins, les dossiers de patients, les registres de nourriciers et les rapports d’inspection des placements permettent, d’une part, de mettre en lumière un type de cohabitation familiale tout à fait inédit en France et, d’autre part, de confronter le modèle familial promu par les médecins aux relations tissées au quotidien entre les nourrices et leurs malades. En mobilisant la partition établie par Florence Weber entre parenté quotidienne et parenté biologique, l’article montre que la renégociation constante des liens familiaux dans la colonie assure la permanence de ce dispositif institutionnel.

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